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«Il est nécessaire que l'une soit vraie, que l'autre soit fausse,» ne veut pas dire: l'une est nécessairement vraie,
l'autre nécessairement fausse; mais il est nécessaire que l'une ou l'autre soit vraie, ou bien que l'une ou l'autre
soit fausse. Si une quelconque est vraie, il est nécessaire que l'autre soit fausse, et réciproquement. Il est
nécessaire, dit Aristote[486], que ce qui est soit quand il est, et que ce qui n'est pas ne soit pas quand il n'est
pas. Mais il n'est pas nécessaire que tout ce qui est soit, ni que tout ce qui n'est pas ne soit pas. Ce n'est pas la
même chose que de dire: tout ce qui est, dès qu'il est, est nécessairement; ou de dire absolument: tout ce qui
est est nécessairement; et de même pour ce qui n'est pas.
[Note 486: Hermen., IX, et Boeth., De Interp., edit. sec., p. 376.]
Je dis: Nécessairement, un combat naval aura lieu ou non demain. Mais je ne dis pas: Demain un combat
naval aura lieu on n'aura pas lieu nécessairement; ce qui serait dire que ce qui sera et ce qui ne sera pas est
CHAPITRE IV. SUITE DE LA LOGIQUE D'ABÉLARD. Dialectica, DEUXIÈME PARTIE, OU LES PREMIER
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Abelard, Tome I
nécessaire. Or, comme les oraisons ont la même vérité que les choses, c'est-à-dire ne sont vraies qu'autant
que les choses sont vraies, il est évident que, les choses se prêtant à l'alternative et leurs contraires pouvant
arriver, les propositions doivent nécessairement se comporter de même par rapport au principe de
contradiction.
Aristote nous enseigne ainsi que les affirmations et les négations suivent, quant à leur vérité ou à leur fausseté,
les événements des choses qu'elles énoncent; par là seulement elles sont vraies ou fausses. En effet, de même
qu'une chose quelconque nécessairement est quand elle est, et n'est pas quand elle n'est pas, ainsi une
proposition quelconque vraie est nécessairement vraie quand elle est vraie, et une non vraie est nécessairement
non vraie quand elle est non vraie. Mais il ne s'ensuit pas qu'on puisse dire purement et simplement que toute
proposition vraie est vraie nécessairement et que toute non vraie est nécessairement non vraie. Car ce qui est
nécessairement ne peut être autrement qu'il est.
«Maintenant si l'on soutient que de toutes les choses que dit l'affirmation ou la négation, l'une est
nécessairement, l'autre nécessairement n'est pas, que ceci ou cela est nécessairement ou n'est pas de même, on
n'en pourra inférer l'anéantissement de l'alternative dans les choses, non plus que du conseil et de l'effort,
comme le voulait la dernière conséquence de l'argument. Si au contraire on raisonne autrement qu'Aristote n'a
raisonné et qu'on entende la règle autrement que lui et que la vérité, la conséquence en question pourra être
vraie; mais qu'en résultera-t-il contre le principe d'Aristote? En effet si des choses futures l'une arrivait
nécessairement et l'autre nécessairement n'arrivait pas, c'en serait fait de toute alternative, comme de toute
prudence humaine et de tout dessein. A moins qu'on ne dise que cela même ne serait pas un résultat
nécessaire. Il se pourrait que les choses nécessaires arrivassent par conseil ou savoir-faire, que le conseil et le
travail fussent eux-mêmes nécessaires, et tout irait de même. Aristote ne le nie pas; mais il dit que ce sont des
causes efficaces de choses futures. «Nous voyons, dit-il, que les choses futures ont un principe, et la preuve
en est dans notre délibération et notre action[487]. C'est ce qui n'arriverait pas si l'événement était nécessaire.»
[Note 487: Hermen., IX, 10.]
En définitive, voici comment le second conséquent peut être montré faux. Si parce que ceci arrivera de
nécessité, ceci ne doit pas arriver par conseil et entreprise, et si parce que la chose arrivera nécessairement par
ces moyens, elle ne doit réellement pas arriver par ces mêmes moyens, il suit que si elle arrive nécessairement
par ces moyens, elle n'arrivera pas nécessairement par ces moyens, proposition évidemment absurde. En
d'autres termes, dire qu'une chose à laquelle la délibération et le dessein ont présidé arrivera nécessairement,
c'est dire que la délibération et le dessein n'y seront pour rien; mais c'est dire en même temps qu'elle arrivera
nécessairement par délibération et par dessein; ce qui est dire qu'elle n'arrivera point par délibération et par
dessein; ce qui est nier et affirmer en même temps[488].
[Note 488: Dial. para II, p. 280-294.]
Remarquons dans cette longue digression deux choses, la pensée et la méthode. L'une est juste, l'autre
singulière.
En effet, ce que l'auteur défend, c'est la cause du libre arbitre, et il la défend par les arguments de fait, les
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